Aller au contenu
  1. Fictions/
  2. Samira E/

Chapitre 3 - Le chat

891 mots·5 mins· loading · loading · ·
Brouillon
Samira E - Cet article fait partie d'une série.
Partie 3: Cet article

La soirée battait son plein dans le grand salon de Vincent, un des amis d’enfance de Maurice. La table basse, débordait de bouteilles de bières, de vin et d’apéritifs à moitié entamés. Maurice, adossé au canapé, riait à l’anecdote que Julia venait de raconter.

Anton, assis sur un fauteuil à côté de Maurice, leva son verre “Eh, Maurice ! C’est ta tournée la prochaine. ».

« Ça roule » répondit-il en souriant. Il se leva pour attraper les bouteilles de vins qu’il avait apporté, et, remplit les verres autour de lui.

« Du château Eisenfeld, MONSIEUR ne se moque pas de nous » s’amusa Julia en mimant une révérence.

« À quoi on trinque, cette fois ? » dit-il en reprenant sa place.

« À toi et ton portefeuille, monsieur le généreux ! » plaisanta Vincent, déclenchant un nouvel éclat de rire collectif.

La soirée garda cette ambiance légère et familière que Maurice aime tant.

Lorsque la discussion se mis à tourner autour du travail, Maurice se redressa légèrement, posant son verre sur la table.

« D’ailleurs, en parlant de travail, j’ai quelque chose à vous dire. »

Tous les regards se tournèrent vers lui. Il prit une profonde inspiration avant de continuer.

« Il me reste trois mois de service obligatoire, puis je pense arrêter ce travail. Ça va faire bientôt 4 ans que je mets de côté, et je pense pouvoir arrêter de bosser chez Futech pour vivre de ma passion au moins les 10 prochaines années. »

Julia, qui le connaissait bien, esquissa un sourire. « Ça te ressemble, ça. Et tu sais déjà ce que tu veux photographier ? ». C’était un secret pour personne, Maurice adorait la photographie, il ne vivait presque que pour ça.

Enfin sauf peut-être pour Anton, le nouveau petit ami de Julia. C’est donc dans l’élan de cette annonce qu’il demanda à Maurice ce qu’il aimait dans la photographie.

Tous les regards se tournèrent cette fois-ci vers Vincent, comme si toute l’assemblée savait déjà à quoi elle allait assister. Vincent, avec un sourire en coin, se mis à parler en grimant la posture et la voix de Maurice, visiblement habitué à cette situation :

« Quand je duplique quelque chose, c’est comme si je mettais un objet dans un photocopieur : ça sort identique, mais sans âme. Avec la photo, c’est moi qui choisis ce que je veux montrer. La lumière, l’angle, l’instant précis… Ce n’est pas juste une copie. C’est ma façon de dire au monde : “Regardez, ça, c’était beau.” ».

Après cette annonce les rires reprirent de plus belle, et les conversations s’enchaînèrent sans fin, ponctuées par le tintement des verres et les éclats de voix. Les heures filèrent dans un tourbillon de bonne humeur, et bientôt, le ciel commença à pâlir derrière les grandes fenêtres. Lorsque la première lueur de l’aube effleura les murs, ils étaient encore là, rassemblés, riant aux éclats et savourant l’instant.


9h37, son réveil n’avait pas sonné. Maurice sentait son cœur battre sur ses tempes. Une gueule de bois comme ça, ça faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Il enfila les vêtements de la veille, encore odorant de la soirée et couru jusqu’aux transports pour rejoindre le siège de Futech. ”Bonjour, monsieur Rivay, dure soirée ?” lui lança Isode Kreel en souriant.

Maurice hocha la tête et pris la direction des portes le menant à son poste de travail.

La journée était longue et répétitive, l’algorithme devait avoir remarqué quelque chose puisque Maurice ne voyait défiler devant lui que des objets sans grande valeur et avec un objectif d’une seule copie. Le travail du jour était devenu un travail sans grand challenge, mais ça arrangeait bien Maurice qui pouvait laisser son cerveau aller et venir pendant que son corps et ses mains s’affairaient à copier.

Main droite sur l’objet qui arrive, main gauche qui clone et dépose sur le tapis, main droite qui déplace l’objet originel. Paume vers le haut pour montrer que tout est envoyé. Et ainsi de suite, quatre heures durant Rivay avait copié plus d’un millier d’objets. Même dans cet état l’algorithme devait être fière de lui.

Alors que ses pensées se remémoraient la soirée de la veille, Rivay senti un picotement dans sa main droite, comme si on venait de lui enfoncer trois aiguilles. Suivi d’un cri de douleur félin.

« UN CHAT?! » s’exclama Rivay en regardant ses mains. Il venait de cloner un chat, vivant.

Le chat dans sa main droite, marqué d’une griffe violette, se débattait, hurlant comme s’il vivait la pire des tortures. Maurice, pétrifié, sentit son souffle se couper. Les cris s’éteignirent aussi vite qu’ils avaient commencé, mais l’image du chat tordu de douleur restait gravée dans son esprit. Ses mains tremblaient tandis qu’il réalisait ce qu’il venait de faire.

« Comment est-ce arrivé ? Je faisais comme d’habitude » se demanda-t-il. Il savait ce qu’il venait de faire. C’était un sujet fréquent lors de ses années d’études.

Le clonage d’être doué de sensibilité était interdit, voir illégale dans la majorité des Lager. Un crime, qui pouvait aller jusqu’à entrainer la peine de mort du Futchi.

Et là, Maurice venait de copier un chat, dans son bureau, sous les six caméras le reliant à l’algorithme et au superviseur.

« Maurice, rejoins-moi dans mon bureau » s’indigna Isode Kreel à travers son microphone.

Samira E - Cet article fait partie d'une série.
Partie 3: Cet article