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Chapitre 8 - L'Ensemble

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Brouillon Fin
Samira E - Cet article fait partie d'une série.
Partie 8: Cet article

Il fallut du temps à Maurice pour comprendre pourquoi Samira tenait à continuer ce supplice maintenant qu’elle était libre.

Ils ne pouvaient pas lutter à cinq. Ils avaient besoin d’être plus nombreux.

L’assassinat de Sofia avait été le déclencheur du plan de Maurice et Samira.

La révélation avait eu l’effet d’une bombe. Futech était complètement déstabilisée, le S.L.A.S.T également.

C’était le moment parfait pour révéler leurs atouts. Ils disposaient désormais d’une force de frappe digne de celle des sociétés privées que s’offrent les plus grandes entreprises de Novaya.


Le groupe se dispersait à travers les multiples portes mates, marchant sur le sol métallique de l’usine.

On ne pouvait différencier aucune de ses membres. Débardeur gris, short noir, cheveux courts. Seule la position de leurs griffes orangées permettait de distinguer l’une ou l’autre des 150 femmes.

L’usine-déchèterie d’Abfall était un labyrinthe sinueux.

Chaque porte, positionnée par un Torii, créait à l’intérieur d’elle une copie partielle de l’espace dans lequel elle était placée. Détruire la porte empêchait l’accès, enfermant tout ce qui pouvait se trouver à l’intérieur. Il fallait donc veiller à la stabilité de chacune d’elles.

Les incinérateurs se trouvaient dans des sous-niveaux de profondeur 4 ou 5. D’après les calculs de Maurice, cela représentait pas moins de 1000 salles d’incinération. Et tout autant de femmes et d’hommes — des clones — ne sachant même pas qu’ils étaient humains.


Aucun coup de feu n’avait été tiré, c’était comme Maurice l’avait imaginé, personne ne payerait pour garder une déchèterie.

Peu à peu, les portes s’ouvraient. Les silhouettes sortaient. Une, puis dix, puis des centaines, des milliers de personnes en haillons, presque toutes des griffes orangées, clones de Samira.
Elles posaient pour la première fois un pied hors des ténèbres de l’usine.

C’est à ce moment-là que le système de sécurité se déclencha. Le S.L.A.S.T avait gardé cette carte pour contenir leur secret, leur exploitation, à l’intérieur de l’usine d’Abfall.

L’explosion emporta porte et matériaux, corps et poussière. Les clones les plus proches de l’usine se virent soufflés par l’explosion.

Une centaine de clones se tournèrent simultanément vers l’une d’elles.

Elle, presque identique aux autres, avait une marque de brûlure recouvrant entièrement sa main droite. Cette marque était ancienne, l’explosion qui lui avait ôté la vie n’en était pas la cause.

Deux clones s’approchèrent d’elle et ramassèrent quelque chose tenu fermement contre son corps, même après sa mort.

Maurice, qui avait accouru jusque-là pour aider les blessés ne comprit pas ce qu’il venait de voir. Il approcha des clones et se saisit de l’objet avant d’ouvrir la bouche comme pour réprimander deux enfants.

« Rends-moi ces ossements » lui adressa la voix de Samira. La femme aux milliers de griffes violettes se tenait debout derrière lui, entourée d’une vingtaine de ses copies.

« De quel ossement parles-tu ? Comment es-tu même au courant que ces femmes avaient récupéré quelque chose ? » dit-il déboussolé par la situation.

« C’est ce que nous sommes venu chercher ici Maurice. » Lui répondit-elle.

« Nous sommes venus sauver ces gens, de quoi parles-tu ? » reprit Maurice en montrant le morceau de tissu vert semblant contenir un objet longiforme. « Comment sais-tu que c’est un ossement ? »

« Elle, … » reprit un des clones de Samira en pointant le cadavre aux mains brûlées, « C’est S-37, une incinératrice. Il y a quatre ans son travail a été d’incinérer un nourrisson. Les os que tu tiens, elle a plongé son bras dans l’incinérateur pour les récupérer. »

« Nous allons te demander de nous les rendre » reprirent simultanément trois clones de Samira autour de Maurice.

« Samira, explique-moi » cria Maurice.

« Je ne peux rien te dire Maurice, désolée. » lui répondit Samira en baissant la tête.

« Ça fait deux ans que nous préparons ce plan. Sauver et éduquer les clones, arrêter Futech, en finir avec Sofia, c’était pour ça?! Des centaines d’êtres humains viennent d’exploser sous nos yeux et tu ne montres aucune émotion ? Tu veux juste récupérer un tas d’ossements ? »

Samira marqua un temps avant de répondre.
« Ces clones Maurice, ce sont les miens. Depuis cette nuit-là où S-37 a touché le nourrisson, mes clones et moi, notre conscience, nous ne faisons qu’un. Nous partageons le même esprit, les mêmes souvenirs. »

« Chacune d’entre nous voit à travers les autres comme à travers son propre corps » reprit une des clones avant qu’une troisième poursuive.

« Si Bela a compris que Stefan la violait, ce n’est pas par hasard, c’est sa connexion avec l’Ensemble et nos connaissances, celles de Freya, de moi et d’autres qui lui ont permis de comprendre ce qui lui arrivait. Si S-37 a plongé pour récupérer le corps calciné du nourrisson malgré la douleur, c’est parce que nous étions persuadés que cette connexion avait à voir avec lui. Et que, son pouvoir pouvait lui survivre, à travers son corps, ses os. Un tel pouvoir peut rabattre les cartes de notre société Maurice. »

« Que veux-tu dire par ne faire qu’un ?… » Sur ces mots, Maurice sentit le froid transpercer son ventre. Puis la chaleur de son sang se répandit sur sa poitrine.

« Je suis désolé Maurice, mais tu n’étais pas censé savoir » lui souffla en sanglotant le clone de Samira qui venait de le traverser d’un éclat de métal forgé par l’explosion.

Son corps devint lourd. La Samira qui venait de le poignarder l’accompagna jusqu’au sol. Les bras enlaçant la chute du corps de Maurice tirèrent sa chemise, laissant apparaître les trois marques dans le bas du dos de Maurice.

Trois griffes, regroupées comme si elles avaient été faites par un félin.

L’Ensemble compris.

Les marques étaient violettes.

Et, Maurice tenait dans sa main gauche le linge vert.
Dans la droite, le fémur du nourrisson.

Merci d’avoir lu cette nouvelle. Ce n’est pas facile d’exposer ce qu’on écrit.
J’espère que ça vous a plu. Et si vous avez des retours, n’hésitez pas à me les faire.
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